Impactées comme tous les acteurs de l’économie régionale, les start ups de l’écosystème s’organisent dans le contexte de crise sanitaire. Avec plusieurs forces, l’agilité propre à leur ADN et la capacité à se mobiliser rapidement sur de nouveaux objectifs. Toutes font aussi état d’un questionnement sur le sens profond de leur action. « Après le choc initial, il faut s’interroger et se recentrer. Sortir de ce sentiment d’impuissance pour mieux contribuer à la gestion de crise » relève Sylvain Ferrière, directeur général de Foundation Gojob et en charge de la stratégie de l’entreprise d’intérim 3.0 qui compte 2000 clients.
Les premières mesures ont porté sur la gestion immédiate de la crise. Le passage au télétravail s’est imposé sans heurt dans des structures habituées aux nouvelles technologies. Mais le changement va au-delà. « Chez Gojob, l’occasion s’est imposée de repenser notre modèle. La digitalisation ne va pas de soi dans notre secteur, nous l’avons instauré en prouvant que 100 personnes pouvaient désormais en équipe en travaillant chacune de son côté. Un pan de notre activité notamment lié à l’industrie est à l’arrêt mais en parallèle, un autre pan centré sur les jobs essentiels, tels que les métiers de l’agro-alimentaire, le sanitaire, la logistique etc, est en train d’exploser. Nous avons redéployé des profils sur ces activités, il y a des initiatives à prendre pour contribuer à la bonne gestion de la situation ». Pour Sylvain Ferrière, si le CA est impacté à court terme, il ne devrait pas subir de baisse sensible sur le long terme. Même analyse du côté de LegalCity qui déploie une plate-forme en ligne d’assistance aux TPE PME.
En forte croissance avec plus de 2000 clients en un peu plus d’an d’existence, la start up marseillaise a senti venir la crise une semaine avant le confinement. « Les demandes se sont ralenties. Comme nous venions de recruter deux salariés pour gérer la croissance, nous avons actionné le télétravail et faire aboutir des projets en gestation de longue date. Notre plate-forme de médiation et d’arbitrage en ligne JustiCity, prend aujourd’hui tout son sens. Elle permet résoudre la plupart les litiges en ligne par visioconférence, - un outil précieux en cette période de fermeture des tribunaux - et devrait être opérationnelle avant le 15 avril en version beta », relève Etienne de Fontainieu, l’un de ses fondateurs. Autre initiative, adapter l’activité de recouvrement de créances aux problématiques actuelles. « Dans le contexte actuel, de nombreuses entreprises vont avoir des difficultés à honorer leurs dettes. Accompagné par plusieurs partenaires, nous travaillons sur des rapports de solvabilité pour repérer les entreprises en difficultés et sur les comportements de paiement, pour discerner les bons des mauvais payeurs. Avec l’ambition de mieux conseiller nos clients. Je prends un exemple, si une entreprise pérenne avec une trésorerie solide ne respecte pas ses engagements, il est judicieux d’engager une procédure, dans le cas où l’entreprise est en difficulté, mieux vaut envisager le recours à un fonds de solidarité ». « La nécessité est la mère de l’invention » note Etienne de Fontainieu. Une mobilisation qui devrait permettre à la start up de lisser sur l’année, les à-coups de la crise actuelle. « L’urgence sanitaire accélère la digitalisation de tous les secteurs et va encourager, à terme, le management par objectif, générant ainsi de nouveaux rapports dans l’entreprise et une nouvelle quête de sens. Pour le reste, il est difficile d’avoir une vision à long terme sur ce qui va véritablement et durablement changer. Une chose est certaine plus la crise durera plus les changements seront profonds » conclut Sylvain Ferrière.