Article écrit par Bérangère Lepetit
« On constate un début de reprise », assure Christophe Catoir, le PDG d'Adecco, leader du recrutement en intérim en France. D'ordinaire annonciateur d'une reprise de la croissance, le marché de l'intérim pourrait-il renaître de ses cendres avec la levée progressive, à partir du 11 mai, du confinement partout en France ? Le bâtiment et l'industrie : ce sont les deux secteurs de l'économie où l'activité devrait repartir doucement à partir de lundi et donc se remettre à faire appel à des intérimaires. « La reprise va être limitée et progressive jusqu'à fin juin », tempère de son côté Alain Roumilhac, PDG de Manpower, autre acteur important du secteur.
Car le marché de l'intérim vient de vivre dans notre pays une chute vertigineuse, atteignant une drastique baisse d'activité de l'ordre de -60 à -70 %. « En deux jours, le 16 mars, tout s'est effondré », se rappelle Alain Roumilhac qui le note : « l'activité s'est complètement arrêtée dans notre pays, contrairement à d'autres pays comme l'Allemagne ». Un constat que viennent confirmer les chiffres de Pôle emploi. L'agence publique de l'emploi évoque en mars et en avril une baisse de l'ordre de 65 % à -70 % des offres d'emploi déposées par rapport à la même période en 2019. Et les professionnels du secteur ne sont guère enthousiastes.
« La reprise à plein cet été n'aura pas lieu même si le mois d'août devrait être un peu plus dynamique que d'habitude », assure Christophe Catoir. « Au mieux, dans certains secteurs, on retrouvera un rythme de croisière en septembre, renchérit Alain Roumilhac. Cet été, on auscultera le marché semaine après semaine. Il est pour l'instant bien difficile de se projeter. »
Les gagnants de cette période sont les agences d'intérim qui fonctionnent à 100 % sur le digital. Les plates-formes Qapa ou Gojob, par exemple, revendiquent un quasi-maintien de leur activité et affichent, même, de nouveaux clients comme les enseignes de la grande distribution. « Dans la grande distribution ou la logistique, les besoins ont explosé, on peut parler d'une hausse de 50 % des recrutements », se félicite Stéphanie Delestre, PDG de Qapa qui assure avoir procédé au recrutement « de plus de 800 intérimaires en moins de 5 jours » pour l'enseigne Franprix, confrontée pendant le confinement à un fort absentéisme.
Même son de cloche chez un autre acteur de l'intérim digital Gojob qui a affiché une baisse de son activité de 50 à 60 % les premières semaines du confinement avant de stabiliser cette baisse autour de 10 % par rapport à la même période l'année dernière.
Ces deux acteurs ont vu apparaître sur leur plate-forme un nouveau type de candidats s'inscrire en quête de missions d'intérim : des jeunes de moins de 25 ans, parfois autoentrepreneurs ou étudiants en quête d'activité. « Beaucoup se sont inscrits pour s'occuper ou pour aider leurs parents qui se sont retrouvés en grande difficulté financière », estime Stéphanie Delestre chez Qapa. « Les jeunes de moins de 25 ans n'ont souvent touché aucune aide de l'Etat et n'ont pas encore droit au RSA. Nombreux sont ceux qui se sont retrouvés en grande difficulté », souligne aussi Pascal Lorne, le PDG de Gojob.
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