Article écrit par Anna Rousseau
S'il n'est pas encore possible d'estimer l'ampleur de l'impact du covid-19 sur l'économie française, l'un des meilleurs indicateurs en la matière sera le baromètre des entreprises d'intérim, que l'on attend pour fin mai.
Depuis la mi-mars, le secteur a été entraîné dans la folle spirale du confinement. "Jusqu'à la mi-mars, nous avions constaté un petit tassement de l'activité, -5% environ, rien de terrible, explique Isabelle Eynaud-Chevalier, déléguée générale de Prism'Emploi, l'organisation qui rassemble 600 enseignes des professionnels du recrutement et de l'intérim et 90% du chiffre d'affaires du secteur. Et puis mi-mars, nous avons commencé à avoir des appels d'entreprises-clientes qui avaient vu brutalement leur activité s'écrouler de 60, 70, 90% et tout a basculé". Première urgence : "Il a fallu protéger nos salariés intérimaires et les faire passer en activité partielle. Certaines entreprises ont fait jouer la force majeure et les avaient renvoyés chez eux sans préavis, sans attestation, sans aucune information sur leur statut. Juste renvoyés". En parallèle, il a fallu aussi protéger les intérimaires en activité, s'assurer que les entreprises qui les employaient prenaient les mesures de protection sanitaires nécessaires.
Si quelques secteurs ont continué à fonctionner, parfois en sur-régime, cela n'a pas suffi à rassurer les professionnels de l'intérim. "L'époque est confuse et les situations très disparates, affirme Isabelle Eynaud-Chevalier. Pour une agence locale, en Bretagne par exemple, qui travaille exclusivement pour l'agroalimentaire et la logistique, tout s'est évidemment très bien passé, mais pour les enseignes très généralistes, ou pour celles qui sont positionnées BTP-Industrie, là, c'est la catastrophe". Une certitude : les secteurs qui onttenu le choc face à la crise ne compenseront pas l'effondrement des autres. En effet, le BTP et l'industrie représentent 60% des intérimaires... "Et si le BTP reprend, ce n'est que partiellement, et l'industrie, elle, reste encore largement à l'arrêt". L'avenir est-il complètement bouché? Pas sûr. Pascal Lorne, fondateur de Gojob, une start-up de travail intérimaire en ligne créée en 2015, a vu son chiffre d'affaires s'effondrer de 50% en quelques jours après le 13 mars. Mais l'entrepreneur a recommencé à respirer avec l'explosion du recours à l'intérim dans la logistique et la grande distribution. L'horizon a continué à s'éclairer progressivement et désormais, il en est certain: "On aura récupéré notre chiffre d'affaires d'ici trois mois: dès le mois de mai, l'activité économique va repartir."
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