L’intérim peut être éthique. C’est en tout cas ce que veut démontrer Gojob, agence de travail temporaire digitale créée en 2015, qui s’est fixé une mission iconoclaste dans le secteur : utiliser la technologie et les datas pour rendre le marché plus fluide, faire baisser le chômage et, surtout, redonner une dignité à ceux qui sont le moins qualifiés. Et ce, grâce aux parcours de formation, même très courts sur la mission à couvrir, que reçoivent gratuitement 95 % des intérimaires qui entrent en poste via la plateforme interne d’e-learning, Gojob Academy.
« Nous voulons être l’open classroom des cols-bleus pour les former aux métiers de demain » assure Benjamin Vallat, le COO de Gojob, qui a passé douze ans aux États-Unis dans l’univers de la tech. « Sur chaque mission et pour chaque client, on est en mesure de déclencher une formation par fiche dédiée à nos intérimaires. On a digitalisé tous les contenus d’entrée dans l’entreprise. »
Les résultats sont au rendez-vous. Alors que 10 à 20% des intérimaires ne se présentent pas en moyenne chez le client le premier jour de leur mission, Gojob a réduit la fourchette d’absentéisme à 2%. Dans le nord de la France, l’agence d’intérim a ainsi trouvé la solution à la pénurie persistance de manutentionnaires en développant une certification digitale au Caces 5, sésame dans la profession pour devenir cariste. « On a simplement envoyé un SMS à 20000 intérimaires de la zone pour leur proposer de se former au “e-caces” et on a trouvé les 200 manutentionnaires dont on avait besoin pour nos clients. C’était une première dans le secteur », explique Benjamin Vallat.
La scale-up, partie l’an dernier à la conquête des États-Unis et qui compte des grands noms parmi ses 900 clients (Carrefour, La Poste, Axion, Stellantis...), possède 4 millions de CV en base et a remis 35 000 intérimaires en emploi en 2021. Tous les jours, elle interroge un demi-million de profils pour savoir ce que chacun veut faire dans les six mois afin de pouvoir proposer les formations les plus utiles. Et elle appelle chaque vendredi les« Gojobbers » en poste pour faire le point avec eux sur leur mission en cours. « Le retour sur investissement de notre engagement est très fort : les intérimaires que l’on a formés et remis en emploi sont reconnaissants et plus fidèles que la moyenne », rapporte Benjamin Vallat.
L’une des particularités de Gojob est en effet de cibler les profils les moins « rentables» sur le marché de l’emploi, ceux dont personne ne veut a priori. À savoir les Neets, ces jeunes (avec ou sans diplômes) déclassés qui ne sont ni emploi ni en formation ni à l’école, et représentent 13% des 15-24 ans en France, ou encore les chômeurs de longue durée qui n’ont eu aucun contact avec un employeur depuis plus d’un an. « On veut casser les codes, bouger les cultures et faire évoluer les mentalités » , indique Benjamin Vallat, dont l’entreprise est lauréate cette année des contrats à impact « innover pour accéder à l’emploi ». Depuis le début de l’année, Gojob a mis à l’emploi plus de 1 300 Neets et 64% des intérimaires étaient en formation ou sans emploi depuis plus de six mois avant de rejoindre l’enseigne. « On a créé un algorithme inclusif qui fait ressortir les profils les plus défavorisés. C’est une sorte de discrimination positive totalement légale et assumée », se félicite Benjamin Vallat. La jeune pousse ne compte d’ailleurs pas s’arrêter et a déjà prévu d’investir 9 millions d’euros en 2022 et 2023 pour développer son algorithme.
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